15 Juillet 2011
Il ne faut jamais perdre de vue :
- Le contexte spirituel,
- Social,
- Le contexte tout court de l'époque.
Il était impensable pour l'époque de sacrifier sa vie future après tout le soin qu'on prenait pour assurer cet ultime voyage (embaumement, mobilier funéraire, livre pour sortir au jour...)...
Il est toujours bon de le rappeler : il ne faut pas analyser une culture avec des instruments qui lui sont étranger.
On a trop souvent la tentation de projeter ses propres désirs et modes de penser !
Leur titre le plus répandu fut "Superviseur des manucures du palais"
Illustration du photographe
©1999 Greg Reeder
Illustration du photographe
©1999 Greg Reeder
Égypte ancienne ?
Avant propos...
Cet article n'a pas :
- La prétention d’apporter une réponse formelle…
Mais plutôt d'ouvrir un débat... avec vous !
- Il n'a pas non plus celle de porter un quelconque jugement... quel qu'il soit, d'ailleurs !
A ce propos, je vous invite à vous rappeler le sage Lao Tseu :
"Comprendre,
c'est si difficile,
que beaucoup préfère juger"
Alors, j'essaie de comprendre, tout simplement...
Je ne nie en aucune façon l’existence de l’homosexualité... mais parfois, les interprétations qui y mènent…
La compréhension devrait mener à une plus grande tolérance encore, me semble-t-il !
Soliloque...
... Il faut se replacer du contexte de l'époque.
Les Égyptiens croyaient résolument :
- En l'au-delà,
- Et, à la vie après la mort: seulement possible si l'on passait la fameuse épreuve de la pesée du coeur.
Donc, on peut subodorer avec une grande probabilité qu'effectivement, ils se seraient forcés à être hétérosexuels !
En tout état de cause :
- A ne pas être homosexuels,
- Ou ne pas le paraître.
Pour mémoire, il y avait des homosexuels, il y a une bonne soixantaine d'années qui :
- Se forçaient à ne pas l'être,
- ou qui le cachaient toute leur vie. Je ne vois donc pas en quoi c'est inconcevable comme attitude chez les Égyptiens.
Cela expliquerait, malgré une probable existence de cette Homosexualité, le manque de preuve formelle...
L'Homosexualité...
On ne peut nier, aujourd'hui, l’existence de l’homosexualité...
Pas davantage d'ailleurs, dans la Grèce antique ou de nombreux témoignages demeurent!
Éraste (amant) embrassant son éromène (aimé)
Détail: intérieur d'une coupe
environ 480 av. J.-C.
Source : Marie-Lan Nguyen
G 278 au Louvre
L'homosexualité existe donc bien, depuis la nuit des temps... mais voilà...
Paradoxalement et, malgré cet état de fait, il serait probablement faux d'imaginer que "le combat" pour faire accepter l'homosexualité est en train d'être gagné !
Prenons une leçon d'histoire ! Justement... !
Cette acceptation est loin d'être exponentielle à savoir une belle ligne droite, allant vers une plus grande acceptation.
On ne peut pas dire réellement qu'il y avait un avant correspondant :
- A un rejet,
- Une souffrance,
- Une répression...
Ainsi qu'un maintenant, ou les choses seraient acquises !
L'Histoire nous montre bien que les homosexuels ont déjà connu des périodes de relative tolérance à leur égard :
- En Grèce antique,
- Dans l'Allemagne pré-nazie,
- ...
Néanmoins, quelques temps après, ils furent persécutés... Alors...
Alors qu'en était-il en Egypte antique ?
Aborder un tel sujet peut s'avérer délicat, autant par le manque de preuve formelle que de part...
Et la "non preuve formelle" n’est pas une preuve de sa non existence…
Cela va de soit et, dans bien d’autres domaines…
Mais, peut être :
- Peut-on y voir une certaine "non reconnaissance de la société",
- Une intolérance,
- plus simplement, n’avons-nous pas été capables de nos jours de la déceler,
- …
Niankhkhnum & Khnoumhotep... une grande controverse !
Greg Reeder et sa version des amants...
... Cette situation unique intrigue les égyptologues...
Le mastaba de Niânkhkhnoum et Khnoumhotep fut découvert en 1964 à Saqqarâ !
On remarque une partie creusée dans le plateau.
Une partie construite, sous la chaussée d'Ounas.
La billetterie vous devriez la trouver proche de l'entrée du complexe de Djoser, si elle n'a pas changée!
Peu encombrée, de part les touristes...
Combinaison des deux noms pour n'en former qu'un !
Parfois montrés avec :
- Leurs femmes,
- Et, leurs enfants...
Analogie, leurs figurations correspondaient parfaitement avec celles de couples hétérosexuels que les spécialistes s'accordent à considérer comme mariés...
Alors, le doute persiste... Mais non le dénie !
Illustration
© 1999 Greg Reeder
"Salut à toi, grand dieu, maître des deux Maât !
Je suis venu vers toi, ô mon maître, ayant été amené pour voir ta perfection.
Je te connais et je connais le nom des quarante-deux dieux qui sont avec toi dans cette salle des deux Maât, qui vivent de la garde des péchés et s’abreuvent de leur sang le jour de l’évaluation des qualités (...)
Voici que je suis venu vers toi et que je t’ai apporté ce qui est équitable, j’ai chassé pour toi l’iniquité.
Je n’ai pas commis l’iniquité entre les hommes.
Je n’ai pas maltraité les gens.
Je n’ai pas commis de péchés dans la Place de Vérité.
Je n’ai pas cherché à connaître ce qui n’est pas à connaître.
Je n’ai pas fait le mal.
Je n’ai pas commencé de journée ayant reçu une commission de la part des gens qui devaient travailler pour moi, et mon nom n’est pas parvenu aux fonctions d’un chef d’esclaves.
Je n’ai pas blasphémé Dieu.
Je n’ai pas appauvri un pauvre dans ses biens.
Je n’ai pas fait ce qui est abominable aux dieux.
Je n’ai pas desservi un esclave auprès de son maître.
Je n’ai pas affligé.
Je n’ai pas affamé.
Je n’ai pas fait pleurer.
Je n’ai pas tué.
Je n’ai pas ordonné de tuer.
Je n’ai fait de peine à personne.
Je n’ai pas amoindri les offrandes alimentaires dans les temples.
Je n’ai pas souillé les pains des dieux.
Je n’ai pas volé les galettes des bienheureux.
Je n’ai pas été pédéraste.
Je n’ai pas forniqué dans les lieux saints du dieu de ma ville.
Je n’ai pas retranché au boisseau.
Je n’ai pas amoindri l’aroure.
Je n’ai pas triché sur les terrains.
Je n’ai pas ajouté au poids de la balance.
Je n’ai pas faussé le peson de la balance.
Je n’ai pas ôté le lait de la bouche des petits enfants.
Je n’ai pas privé le petit bétail de ses herbages.
Je n’ai pas piégé d’oiseaux des roselières des dieux.
Je n’ai pas péché de poissons de leurs lagunes.
Je n’ai pas retenu l’eau dans sa maison.
Je n’ai pas opposé une digue à une eau courante.
Je n’ai pas éteint un feu dans son ardeur.
Je n’ai pas omis les jours à offrandes de viande.
Je n’ai pas détourné le bétail du repas du dieu.
Je ne me suis pas opposé à un dieu dans ses sorties en procession.
Je suis pur, je suis pur, je suis pur, je suis pur !
Ma pureté est la pureté de ce grand phénix qui est à Héracléopolis, car je suis bien ce nez même du Maître des souffles, qui fait vivre tous les hommes (...)
Il ne m’arrivera pas de mal en ce pays, dans cette salle des deux Maât, car je connais le nom des dieux qui s’y trouvent."
Essayons d'approfondir si vous le voulez bien !
Ces confessions négatives, le fait d'y "mentionner" l'Homosexualité, peuvent aussi suggérer que ce "péché" était sans doute :
- Connu,
- Et probablement répandu !
Cette citation...
- Dans ce texte,
- Voir même dans ce contexte théologique, pouvait aussi représenter une sorte de morale, dans une société humaine qui pouvait avoir tendance à ne pas l'être, aux yeux de la prêtrise... !
Peut-on légitimement envisager que cette Homosexualité ai été présente mais mal considérée, au moins par la caste dirigeante de la prêtrise ?
Le conte du Viol d'Horus par Seth... une indication probable…
Mentionné dans le papyrus Chester Beatty I, édité par Sir A. Gardiner, il daterait de Ramsès IV ou V (d'après le Collophon).
Chester Beatty VI fragments
Vous voyez, nous sommes contraints d'interpréter...
Rien de formelle pour le moment, selon mes connaissances...
A suivre...
Sources et, afin d'en connaître davantage, je vous invite à consulter :
http://www.egyptology.com/niankhkhnum_khnumhotep/
greg@egyptology.com<greg@egyptology.com
Reeder, Greg 2000. "Même sexe désir, construit conjugale, et le tombeau de Niankhkhnum et Khnoumhotep" Archéologie World Volume 32 Numéro 2, octobre 2000 Éditeur Thomas A. Dowson.
MATHIEU, B : La tombe "des deux frères" Niankhkhnoum et Khnoumhotep à Saqqarâ, J.E.Livet publications, Paris
Lynn MESKELL: Vies privées des Egyptiens, Nouvel Empire 1539-1075
Collection Mémoires n°80 des Editions Autrement (2002).
Voir, en particulier, le chapitre "Amour, érotisme et personnalité sexuelle" (sous-partie : "Spécificité sexuelle"), de la page 167 à la page 173.
Jaana Toivari-Viitala, Women at Deir el-Medina : a study of the status and roles of the female inhabitants in the workmen's community during the ramesside period, Egyptologische uitgaven 15, Leiden, 2001.
Apophtegme...
"La témérité réussit souvent
là où
la prudence échoue"
(Celse, De la médecine, III, 9)
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Inverti et Homosexualité... (1) en Egypte ancienne !