5 Mai 2012
"Djebat iner"
Une première depuis plus de 70 ans dans ce domaine...
Selon le "Progrès Égyptien" daté du 2 Mai 2012...
En réalisant une restauration au niveau du temple de Karnak, il semblerait qu'une équipe de chercheurs égypto-française découvrit ce qu'ils nommèrent :
"Une beauté incomparable
et
inestimable"
Un groupe de briques de grès...
Djebat iner !
Il s'agirait donc de briques de grès comportant des motifs en reliefs peints : certainement en creux, comme cela fut à leur origine !
A ce jour, leur datation les situerait sous le règne d'Akhenaton !
Bloc Talatat au niveau du pylône à karnak.
Cela représente...
On peut très bien considérer cela comme un témoignage de la vie quotidienne des anciens Égyptiens.
D'où leur importance, vous l'aurez bien compris.
Mais de qu'elles informations s'agit-il ?
→ Agriculture,
→ Irrigation,
→ L’élevage du bétail,
- ...
- Métaphysique,
-...
- Atonisme,
-...
Cela rentre dans un très grand projet...
Celui du ministère Égyptien de l’archéologie...
Il consisterait à :
- Récolter,
- Et, centraliser l'ensemble de ses "talatats" !
Ses derniers sont répartis au sein de la majorité des temples...
Néfertiti offrant une statue Sphinx.
© Photo par Sara Lafleur-Vetter
Une vue rapprochée de la couronne de Néfertiti et la perruque.
© Photo par Sara Lafleur-Vetter.
© Recadrée par Owen Jarus.
Talatat n. f.
Parfois vous rencontrerez le mot Talatate...
Nonobstant...
Ce nom semble être considéré comme étant invariable : des talatat c.f son origine arabe !
Cela correspond aux édifices de l’époque amarnienne :
→ A Thèbes,
→ Comme dans la nouvelle capitale Akhet-Aton créée ex-nihilo par Aménophis IV ou si vous préférez Akhénaton...
Le terme égyptien classique était djebat iner.
La décoration en relief réalisée en creusant...
Nous venons de mentionner, plus haut, le fait que des briques furent décorées par des motifs en reliefs creux !
Mais, qu'est-ce que cela pouvait bien être, un relief réalisé en creusant ?
Akhenaton adorant Aton.
Berlin.
Grès ; Inv-No. 31 283
© Marcus Cyron.
Cela créait forcément une surface en profondeur...
On se devait pour cela de retirer du volume, d'évider en quelque sorte... : cela devait alors concerner seulement une bien faible épaisseur, quelques centimètres (2.5)...
Ainsi les rayons du soleil créaient tout simplement des jeux :
- D’ombre,
- Et de lumière.
Quant au choix de cette technique, cela avait comme avantage d'augmenter en quelque sorte la netteté de la figuration : et cela, si on la comparaissait, bien évidement, à un relief de faible épaisseur !
Mais le "privilège" de cette technique me paraît être le fait de contrer le phénomène de palimpseste !
Ainsi, il serait beaucoup plus difficile :
- De remarteler dessus,
- D'y effacer le nom d'origine,
- D'y inscrire un autre nétèr (Dieu),
-...
Cette technique ne fut pas une révolution issue de l'ère armanniene : donc, pas inventée simultanément avec les talatat, par et/ou pour Akhenaton !
Nonobstant...
Le relief dans le creux, fut largement employée à ce moment-là !
Nous pourrons d'ailleurs retrouver cette technique jusqu'à la 19e et 20e dynastie.
Rappelez-vous d'Akhet-Aton !
Elle fut érigée sans toit. Le culte d'Aton se déroulait ainsi à ciel ouvert sous le disque rayonnant...
Ce qui expliquerait d'ailleurs leurs choix quant à cette technique du relief en creux !
De plus, ils devaient être usités sur des décors à l'extérieur : contrairement aux gravures en reliefs qui s'utilisaient à l'intérieur !
Ces talatat étaient décorées...
Soit au niveau de la grande face du parallélépipède : disposition en carreau.
Soit sur la petite face : disposition en boutisse.
Une technique de construction qui semble bien "complexe", concrétisée par une alternance :
→ D'une assise en boutisse : alignée à la verticale,
→ Et d'une assise en carreau :
- Elle chevauche trois boutisses;
- Elle est décalée verticalement entre chaque "couche" par une longueur équivalente d'une moitié de talatat.
L'apparition des premiers "talatat"...
En l'an 4 de son règne, Akhenaton mit au point une nouvelle technique de construction des édifices.
Ceci, afin de gagner du temps, quant à l'érection de sa nouvelle capitale.
Ce furent des blocs de calcaire ou de grès, de taille réduite (que 50kg environ !), afin que soit :
- Plus facile l'extraction.
Moins de deux ans auront été nécessaire afin d'extraire plusieurs centaines de milliers de talatat.
- Mais également l'élaboration.
Plus rapide dans la construction...
- Ainsi que le transport.
Plus rapide : portés à dos d'homme,
- ...
- Et de fait afin gagner un temps précieux pour pharaon ! Néanmoins, cela pouvait aussi se justifier car, sans toit, les murs des temples, des maisons,..., pouvaient être véritablement allégés...
Ainsi, voici les caractéristiques des talatats :
→ 55 kg en moyenne,
→ 52,50 cm de long en moyenne i.e. une coudée égyptienne,
→ 26,25 cm de large, soit l'équivalent d'une demi-coudée,
→ 22,50 cm de hauteur !
De plus...
Il semblerait que les fresques furent bien préalablement gravées, en creux !
Il semblerait également que les dites "briques" furent appelées "Talatat", du nom arabe indiquant le chiffre 3 "Thalatha".
"Thalatha" ou le symbole du chiffre 3 :
– Les ouvriers de Karnak remarquèrent que trois niveaux superposés de ces blocs furent utiles afin de créer une assise du parement du 9e pylône !
– A 9H, le 3 octobre 1898, un tremblement de terre jeta à terre 11 colonnes de la salle hypostyle !
Les fondations du temple furent affaiblies en raison du barrage d'Assouan et de la nappe phréatique...
On parle là de palimpseste ! Au cour de cet effondrement, les chercheurs y découvrirent des milliers de talatat qui avaient alors un rôle de base quant aux colonnes...
– Une talatat mesurait en vérité trois palmes de large : une unité de mesure traditionnelle qui fut la différence entre les extrémités du pouce et de l'auriculaire quand une main est en position écartée !
Ainsi, 3 mains correspondaient à un bloc dans le sens de la longueur !
Les premiers "talatat" reconnus comme tels...
Reconnus dans le monde moderne à partir de 1838 par :
- Champollion,
- Prisse d'Avennes : ce dernier sembla bien y faire allusion...
Du palimpseste...
Le palimpseste, une coutume qui perdura durant plusieurs millénaires...
Un usage bien courant :
- Dont le fameux Ramsès II semble être passé maître !
- Rappelez-vous également, de l'élaboration de Tanis par le "dépouillement" de Pi-Ramsès,
- Plus proche de notre sujet... Akhet-Aton...
- Plus loin, dans le temps, l'utilisation des parements des pyramides de Gizeh pour la ville du Caire,
- ...
On parle de palimpseste quand un artefact est créé en partant d'une autre œuvre préexistante.
Ainsi près du plus grand monolithe de Karnak, un obélisque, est encore debout. Akhenaton y fit du reste construire un complexe dédié à Aton !
Akhenaton rejoignit le monde d'Osiris : paradoxe, quand on sait que ce dernier fut "évincé" au cour de ce règne !
Dès lors, ce complexe Atonien fut démantelé : à tel point que nous ne somme pas certain aujourd'hui de leur emplacement, à leur origine...
Les décors dispersés...
Les briques furent de ce fait, réutilisées au niveau :
→ De Fondation,
→ De remplissages des nouvelles constructions comme celui :
- Du grand temple d'Amon à savoir le 2e, 9e, 10e pylônes,
- Fondations de la grande salle hypostyle,
- ...
Maintenant, les Égyptologues essayent de les récupérer...
Et cela constituent un immense puzzle ! Ce dernier avec sa complexité est bien régie par certaines règles...
"Une talatat
ne peut s'assembler latéralement
qu'avec une autre portant son décor
sur le même côté qu'elle-même
et
au dessus et au dessous
avec une pierre décorée sur une face différente."
Nathalie Prévôt.
Doctorante en Égyptologie à l'Institut Ausonius CNRS.
Certain projet comme "ATON-3D" sont en pleine essor aujourd'hui : nous y reviendrons certainement et prochainement :
Ainsi, si le sujet vous intéresse, je vous conseille de lire :
→ Doresse dans "Les temples atoniens de la région thébaine", Orientalia, 24 (1955), p. 113 et 114, note 1.
Vous y verrez dès lors une bibliographie des "talatats" mises au jour avant 1955 !
→ Desroches Noblecourt dans "Un don prestigieux de l'Egypte à la France".
Revue du Louvre, 4-5 (1972)...
Et "La statue colossale fragmentaire d'Aménophis IV offerte par l'Egypte à la France", Monuments Piot, t. 59 (1973), p. 17, note 3.
Vous y verrez une liste des points de Karnak où des "talatats" auraient été retrouvés !
→ Robert Vergnieux et Michel Gondran - "Amenophis IV et les pierres du soleil"
→ ...
(A partir du Gempaaten)
© Jon Bodsworth
Afin d'en connaître davantage, je vous invite à consulter :
• Sources...
Névine Ahmed
Nathalie Prévôt
D. Laboury, Akhénaton, Paris, 2010, p.169 - Projet ATON-3D -
Excellent ouvrage : Robert VERGNIEUX et Michel GONDRAN - "AMENOPHIS IV et les pierres du soleil" - Akhénaton retrouvé aux éditions Arthaud
• Sitographie...
Wikipédia
http://213.158.162.45/~progres/index.php?action=news&id=13015
• Taggé avec :
Alors, à suivre...
Et j'espère que vous avez pris autant de plaisir à lire mes textes que j'en ai eu à vous les écrire !
Aphorismes...
Ceci pour autoriser et provoquer d'autres pensées...
Aucune prétention...
Ne prétend pas tout dire...
"Je suis devenu un homme
quand
j'ai commencé d'admirer."
Bernard PIVOT "Les mots de ma vie"
Paris, Albin Michel, 2011, p. 13
Alors, je suis admiratif devant cette civilisation antique...
"Partir à la découverte des hommes du passé,
c'est d'abord vouloir s'abstraire,
autant qu'il est humainement possible,
de ce que notre propre civilisation a imprimé en nous."
Dimitri Meeks "Approche de la civilisation égyptienne"
Fichier en PDF
"Une beauté incomparable et inestimable", en Égypte ancienne !
Vie, Santé, Force !
(V.S.F)
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